Fin des années 50, un homme a réussi à toucher un gain exceptionnel au tiercé. Plus de 5 millions de francs anciens (plus de 85000€) sans quinté et sans tirelire. Ce gain n'était que le premier...

 

 

 

Qui est cet homme ?

Cet homme est le très célèbre Patrice Des Moutis qui sera appelé "Monsieur X". Beaucoup de turfistes ont entendu parlé de Monsieur X mais ne se doute pas que ce monsieur a bel et bien existé et que celui-ci a marqué profondément l'histoire du PMU.


Patrice Des Moutis était un ingénieur de l'école Centrale qui avait eu l'idée d'appliquer des calculs bayésiens (démarche logique permettant de calculer la probabilité d'un événement) pour maximiser ses chances aux courses en répartissant les risques un peu comme on le fait dans une gestion de portefeuilles en bourse.

 

Contexte historique

Nous sommes en 1954, André Carrus, directeur emblématique du PMU, vient de créer le Tiercé qui va bientôt s'imposer comme le roi des paris. Le Tiercé sera le premier jeu à combinaison qui intègre la notion d'ordre et désordre. Le Tiercé sera suivi du Quarté puis du Quinté.

 

La stratégie de Patrice Des Moutis

Premier gros gain

Le 12 novembre 1958, il réussit à trouver la combinaison gagnante et va donc retirer son gain... Plus de 5 millions de francs anciens. En effet, l'ingénieur de l'Ecole Centrale vient de toucher le tiercé 35 fois dans l'ordre et 35 fois dans le désordre !

Ses paris

Le but du tiercé est connu de tous: trouver les 3 premiers chevaux de l'arrivée dans l'ordre ou le désordre. Pour se faire, Patrice Des Moutis sélectionne le favori de l'épreuve « Messenia » et élimine les neuf chevaux qui ne lui paraissent n’avoir aucune chance. Il va ensuite associer les 7 chevaux qui restent au favori 2 par 2 en les mettant successivement en deuxième puis en troisième position ; ce qui lui donnera 42 possibilités.

Il misera 200 francs au coefficient 35 sur chacune des combinaisons pour un montant total de 294 000 francs.

Arrivée

Résultat à l’arrivée : «Messenia » gagne, suivie de deux des chevaux qu'il avait retenus. La suite vous la connaissez déjà, Des Moutis gagne le tiercé 35 fois dans l’ordre et 35 fois dans le désordre soit quelque cinq millions d’anciens francs.

Il bénéficiera en plus d’une "surcote" qui lui permettra d'empocher un supplément de 22 millions !


Ce gain est-il le seul ?

Monsieur X pousse désormais son concept à l'extrême et mise toujours plus, parfois jusqu'à plus de 80 millions d'anciens francs. Il gagne souvent, beaucoup... Le 14 juillet 1961 il touche le tiercé : 500 fois dans l’ordre, 2500 fois dans le désordre ! Ses gains se chiffrent maintenant à des centaines de millions de francs, il est temps pour le PMU de réagir.

 

Le PMU réagit: c'est la guerre

Le problème pour le PMU n'est pas que de grosses sommes soient gagnées, mais que celles-ci le soient par une seule personne. En effet, Des Moutis avec ses mises énormes prend tout et ne laisse que des miettes aux petits joueurs qui risquent de délaisser le tiercé.

Un décret ministériel paraît au Journal Officiel et stipule que : "Les préposés du PMU doivent désormais refuser d’enregistrer les tickets qui comportent plus de 25 fois la même combinaison de trois chevaux".

André Carrus annonce alors "Le ministre aurait dû mettre dans son texte par parieur et non par ticket. Si je ne peux plus présenter un ticket au coefficient 50, rien ne m’interdit d’en présenter deux au coefficient 25". Des Moutis gagne toujours... La guerre est lancée.

André Carrus fait modifier le texte ministériel "on ne peut plus désormais jouer au-delà du coefficient 25 dans les bureaux du PMU mais rien n’interdisait d’aller jouer dans plusieurs PMU". Des Moutis gagne toujours...

Le 1er janvier 1962 Monsieur X engage 55 millions et gagne 492 millions !

 

Le gain qui fait tomber Des Moutis

Le 16 mai 1962 un nouveau décret qui limite strictement les mises est signé:

"Un même parieur ne peut engager soit dans un seul, soit dans plusieurs postes d’enregistrement, sur un même tiercé simple ou sur chacun des tiercés englobés dans une formule combinée, un enjeu total supérieur à 60 nouveaux francs. En cas de non-observation de cette disposition, les contrevenants se verront refuser le règlement de leurs paris".

Le 7 décembre 1962, la somme de 4.1 millions de francs est gagnée par 83 parieurs à travers toute la France. Pour le PMU il s'agit ici d'un coup de Des Moutis, une plainte contre X pour tentative d’escroquerie et violation des textes et règlements régissant le Pari Mutuel Urbain est déposée et les gains sont bloqués.

 

Fin de l'histoire

Il sera placé en détention provisoire 142 jours avant d'assister à son procès sur 6 jours qui seront suivis de deux mois de délibéré. Patrice des Moutis, est relaxé au bénéfice du doute, mais il reste un homme brisé.

Son ami Alain Ayache, directeur du "Meilleur" (journal hippique pour lequel Patrice Des Moutis pronostiqué) déclare : "Pat était brisé. Lui qui fumait cinq havanes par jour, mangeait au champagne et s'habillait comme un milord, il ne fumait plus, ne buvait plus et restait prostré toute la journée en survêtement. Je savais qu'il se tuerait : il me l'avait laissé entendre".

Il est retrouvé mort, le vendredi 17 octobre 1975, à 9 h 30, dans le parc de sa villa de Saint-Cloud ; il s'était suicidé en se tirant une balle dans la bouche.

 

Conclusion

Gagner gros est possible, Monsieur X nous l'a prouvé par les actes. Pour se faire il nous a appris qu'il fallait une bonne analyse, une bonne stratégie et un bon capital.

Alors si vous voulez gagner, au boulot !

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